Béa, Assistante Finances dans une grande institution internationale

Date de publication :

21 mars 2023

Auteur :

Aurélie Leflere

Rubrique :

burn out

Voici le témoignage de Béa, 59 ans, Assistante Finances dans une grande institution internationale.

Je t’ai contactée environ six mois après ma mise en arrêt maladie. Pendant ces 6 mois, j’ai subi une évaluation sur mon état de burn-out et j’étais suivi par ma psychiatre et un psychologue spécialisé dans le retour au travail. A cette époque là j’étais convaincue que mon objectif prioritaire était de retourner au boulot le plus rapidement possible. Sur conseil de ma psychiatre j’ai changé de thérapeute et c’est à ce moment-là que j’ai pris contact avec toi.

Je me sentais toujours fatiguée, sans envie d’entamer quoi que ce soit, je pleurais très facilement, surtout quand je me sentais dépassée par les événements, ce qui était une source de stress. En fait, c’était un cercle vicieux : j’évacuais le stress par des pleurs ou de l’irritation, et ne pas pouvoir contrôler ces émotions, me causait du stress. Je dormais un peu mieux avec l’aide de médicaments mais toujours par étapes. J’essayais de ne pas penser au travail mais me revoir retourner m’angoissait terriblement. Je me sentais incapable de reprendre le travail dans les mêmes conditions que celles que j’avais laissées (excès de travail par manque de personnel ; trop de responsabilités ; procédures lentes et lourdes ; phobie à devoir retravailler avec une personne sans esprit d’équipe ; horaires trop longs ; trop d’urgences ; trop de sollicitations par email, téléphone ou en personne ; pas mal de réunions ; peur de commettre des erreurs ou d’oublier des choses importantes, ce qui m’avait fait perdre la confiance en moi-même, …). J’éprouvais une certaine colère contre mon chef pour n’avoir pas mis rapidement en place des solutions face au manque de personnel, et contre moi-même pour m’être engagée trop sans avoir su mettre des limites.

L’accompagnement m’a aidé à réaliser que tout ce que je ressentais était lié très étroitement au burn-out et qu’avant de penser à reprendre le travail, je devais en priorité me reposer, récupérer physiquement avant d’envisager quoi que ce soit d’autre. La lecture du livre « Guide du Burn-Out » d’Anne Everard (que tu m’as conseillé) m’a aidé – en parallèle de ton écoute et tes reflets – à mieux comprendre ce qui m’était arrivé et où je me trouvais, à mettre des mots sur mes sensations et mes émotions.

L’accompagnement avec les exercices à réaliser à la maison entre les séances, m’a permis de réfléchir sur moi-même et sur mes besoins, d’essayer de mettre des priorités dans ma vie, de relativiser un peu les choses qui arrivent dans la vie, de parler de ce que je ressentais, de tenter de dire non quand quelque chose ne peut pas se faire au lieu d’essayer à tout prix de contenter les autres.

J’ai pris conscience qu’il y a une vie au-delà du travail, qu’on doit se mettre soi-même au centre de sa propre vie, même si aider les autres peut être une grande source de plaisir.

Par le passé surtout, mais encore aujourd’hui, il semble toujours y avoir une certaine stigmatisation ou mauvaise compréhension ou ignorance des maladies psychiques, à commencer par soi-même. Si l’on accepte facilement que soigner un cancer prend énormément de temps et d’énergie, on n’a pas la même attitude face à quelqu’un qui nous dit qu’il souffre d’un burn-out, d’une dépression, d’un état d’angoisse ou d’anxiété extrême, etc. Il faut voir ces « maladies » comme toute autre. Si on a de la fièvre ou des douleurs, on ne traîne pas pour aller chez le docteur. De la même manière il faut demander de l’aide pour les douleurs ‘de l’âme’.

Béa

 

Autres articles

Quand je me sens dépassée…

« Je me sens dépassé(e)… », voilà une phrase très souvent prononcée lors des séances d’accompagnement.Le quotidien est dense, très dense… trop dense pour la plupart d’entre nous. Responsabilités professionnelles, réalité familiale, engagements de couple ou autres,...

Je ne fais rien… ou je « percole » ?

Lors d’une séance que j’ai avec Aline, elle m’informe de ceci : « Je me rends compte qu’il m’arrive très souvent de ne rien faire. Je m’assied dans mon fauteuil et ‘Je ne fais rien…’. L’autre jour, j’ai constaté après coup, que j’étais restée ainsi pendant 2h.Et en...